Jacques Herbrand (12 février 1908 [Paris] - 27 juillet 1931 [La Bérarde])
Jacques Herbrand fait partie de ces génies de la science fauchés par la mort dans leur jeunesse, et dont on n'ose imaginer la trace qu'ils auraient laissée en mathématiques si le destin avait voulu être autre. Dès l'enfance, Herbrand est d'une précocité exceptionnelle, et il entre à l'Ecole Normale Supérieure alors qu'il est âgé d'à peine 17 ans. Au classement du concours, il est premier ! Il se dirige alors vers la logique mathématique, ce qui est un choix pour le moins surprenant car c'est un domaine alors totalement sinistré en France. Sa thèse, qu'il soutient en 1929 sous la direction d'Ernest Vessiot, contient un résultat très important : Herbrand établit un procédé qui permet de réduire la vérification de certaines formules logiques à un procédé mécanique. Cette découverte est encore de nos jours à la base des logiciels de démonstration automatique.
Le service militaire interrompt de 1929 à 1931 les recherches d'Herbrand. Grâce à un soutien financier de la fondation Rockfeller, il peut à partir de mai 1931 voyager en Europe pour travailler auprès des savants les plus renommés : son itinéraire commence par Berlin, où il continue à travailler sur la logique avec Von Neumann. Il l'emmène ensuite à Hambourg, puis à Göttingen, où ses interlocuteurs privilégiés sont alors respectivement Artin et Emmy Noether. Pour Herbrand, il s'agit alors de travailler plutôt dans le domaine de la théorie des nombres, et en quelques mois il fait réaliser à cette discipline des progrès importants.
Après avoir quitté Göttingen, Herbrand décide de prendre quelques jours de vacances dans les Alpes. Hélas, un tragique accident de randonnée l'emporte, alors qu'il a à peine 23 ans.