Israel Gelfand (2 septembre 1913 [Ukraine] - 5 octobre 2009 [New-Jersey])
Israel Gelfand, l'un des plus grands mathématiciens du XXè siècle, est né d'une famille juive le 2 septembre 1913 à Okny, petite ville ukrainienne située dans la banlieue d'Odessa. Il est très jeune passionné de mathématiques et tente de résoudre de nombreux problèmes. Mais il vit alors dans un réel isolement par rapport à cette discipline : son professeur ne peut guère lui offrir que ses encouragements, et ses parents n'ont pas les moyens de lui acheter des livres qu'on ne trouve pas dans sa petite ville natale. Il faudra le hasard d'une hospitalisation à Odessa pour une appendicite pour que le jeune Israel Gelfand (15 ans) puisse découvrir un traité de calcul infinitésimal.
Gelfand commence des études secondaires dans une école technique, mais il en est renvoyé après deux ans : son père était en effet avant la Révolution russe un directeur d'usine, et les fils des "capitalistes" sont privés du droit aux études secondaires dans la Russie de Lénine. A 16 ans, il s'installe à Moscou où il a de la famille éloignée. Il y vit alors de petits boulots, et passe la majeure partie de son temps à la librairie d'État où il dévore tous les livres de mathématiques qui lui tombent sous la main. Il discute aussi beaucoup avec les professeurs et les étudiants qui y passent, puis commence à fréquenter les séminaires de l'université de Moscou.
À 18 ans, alors que lui-même n'a pas pu finir ses études secondaires, il devient enseignant dans un lycée technique. Il commence au même moment ses études supérieures, puis entreprend une thèse sous la direction de Kolmogorov. Il la soutient en 1935. En 1943, il devient professeur à l'Université de Moscou. Il occupe ce poste pendant près de 50 ans, avec une interruption en 1952, suite à la campagne antisémite du gouvernenement stalinien. Il occupe aussi un temps un poste au Steklov Institute et à l'Institut de Mathématiques Appliquées. Il y travaille notamment à la fabrication de la bombe atomique russe. A la fin des années 1980, il émigre aux Etats-Unis, enseigne à Harvard, au MIT, puis s'installe dans le New Jersey, devenant professeur distingué à l'université Rutgers.
L'oeuvre de Gelfand, qui compte plus de 800 articles et 30 livres, est immense. Elle couvre par exemple l'analyse fonctionnelle, les équations différentielles, les représentations de groupes. A la suite du décès d'un de ses fils d'une leucémie en 1958, Gelfand s'intéresse aussi de près à la biologie, collaborant avec des médecins. Il anime pendant près de 50 ans un séminaire où les meilleurs mathématiciens soviétiques échangent. Il s'intéresse enfin de près à l'enseignement.
Durant sa vie, Gelfand reçut de nombreuses distinctions, dont le prix Wolf en 1978 (dont il est le premier récipiendiaire) et le prix Kyoto en 1989.