Félix Bernstein (24 février 1878 [Halle] - 3 décembre 1956 [Zürich])
Félix Bernstein est un mathématicien allemand d'abord spécialiste de la théorie des ensembles, puis de statistique appliquée. Il est né le 14 février 1878 à Halle. Alors qu'il n'a pas terminé ses études au lycée, il suit déjà le séminaire que donne Cantor dans sa ville natale. C'est à la suite de cela qu'il démontre, à seulement 19 ans, le théorème dit de Cantor-Bernstein, qui affirme que si deux ensembles $A$ et $B$ sont tels que $A$ s'injecte dans $B$ et $B$ s'injecte dans $A,$ alors il y a une bijection de $A$ sur $B.$
Bernstein étudie ensuite à l'université de Göttingen, qui est alors la place forte des mathématiques allemandes. Il soutient sa thèse en 1901, sous la direction de Hilbert, puis son habilitation en 1903. Il enseigne alors d'abord à Halle, puis à Göttingen à partir de 1907. Il y devient professeur en 1921 (cette nomination est quelque peu retardée par ses engagements politiques auprès du parti démocrate qui déplaisent à beaucoup de ses collègues nostalgiques de l'empire). Il y fonde aussi l'institut de statistiques.
En effet, peu à peu, Bernstein délaisse la théorie des ensembles pour se consacrer aux probabilités (il démontre notamment une partie du lemme de Borel-Cantelli), puis aux statistiques. Ainsi, dans les années 1920, il est le premier à donner une description correcte de la transmission génétique des groupes sanguins ; il comprend qu'il y a trois allèles possibles, A,B et R, et que chaque personne possède deux allèles, hérités de ses parents. AA et AR donnent le groupe sanguin A, etc ... C'est un progrès considérable en génétique, que Bernstein réalise par une étude statistique.
En 1933, le régime nazi prive Bernstein (qui est juif) de sa chaire, et il émigre aux Etats-Unis. Il y vit dans une certaine précarité, enseignant au fil des ans dans plusieurs universités en tant que professeur invité. Mais en 1945 et 1946, à cause du non-respect d'un accord avec l'université de Columbia à New-York, il se retrouve sans ressources. Il revient alors en Allemagne, et reçoit une pension de l'université de Göttingen.