James Sylvester (3 septembre 1814 [Londres] - 15 mars 1897 [Londres])
James Sylvester est un mathématicien anglais du XIXè siècle. Son patronyme de naissance est Joseph, et c'est son frère qui, à la suite d'un voyage aux Etats-Unis, prend le nom de "Sylvester", qui est alors adopté rapidement par toute la famille.
Étudiant brillant, Sylvester rentre à l'University College de Londres à seulement 14 ans. Il n'est cependant pas prêt pour la vie d'étudiant, et il doit renoncer assez rapidement. Il recommence ses études à Cambridge, de 1831 à 1837. Il se classe parmi les premiers aux examens, mais il n'obtient cependant pas de diplômes : en effet, les diplômés étaient tenus de déclarer leur acceptation des Trente-neuf articles de l'Église d'Angleterre, ce que Sylvester ne peut faire car il est juif. En demandant à bénéficier de l'application de lois assez complexes, il finira par obtenir ses diplômes du Trinity College de Dublin. Sa religion lui posera d'autres difficultés, notamment pour obtenir un poste au début de sa carrière.
De 1838 à 1840, Sylvester enseigne la philosophie naturelle à l'University College de Londres. En 1841, il obtient la chaire de mathématiques de l'université de Virginie, aux États-Unis. Suite à une querelle avec un étudiant, il démissionne un an plus tard. Cet incident révèle une partie du caractère de Sylvester : c'est un homme expansif, fougueux, passionné jusqu'à en être belliqueux.
Il cherche alors d'autres postes universitaires aux États-Unis ou en Angleterre. N'en trouvant pas, il s'installe à nouveau à Londres, devient actuaire dans une compagnie d'assurance et donne des leçons particulières de mathématiques. Il entreprend aussi des études de droit et entre au barreau en 1850. Il y fait la connaissance du mathématicien Arthur Cayley. Bien qu'ayant des tempéraments opposés, les deux hommes se lient d'amitié et leurs discussions se révèleront fructueuses.
Durant toutes ces années, Sylvester continue à rechercher activement un poste universitaire, et ses efforts sont récompensés en 1855 lorsqu'il devient professeur de mathématiques à l'Académie Royale de Woolwich. Il y enseigne jusqu'en 1870, année où il est contraint de prendre sa retraite. Il consacre alors du temps à ses autres passions (musique, poésie, il écrit notamment un petit traité de versification). En 1877, il retrouve un poste universitaire aux Etats-Unis, à la toute jeune université de Baltimore. Les années suivantes sont pour lui une période de grande activité mathématique. Il fonde notamment l'American Journal of Mathematics, une des premières revues mathématiques américaines, et on peut le voir alors comme le fer de lance de l'école américaine jusqu'alors balbutiante. Il retourne en 1883 en Angleterre, où il termine sa vie.
Les principaux apports de Sylvester concernent les liens entre matrices, formes quadratiques et polynômes, thèmes qu'il développe suite à sa rencontre avec Cayley. On lui doit notamment les notions de discriminant et de résultant. Il est aussi le premier à utiliser le terme matrice dans son article On a new class of theorems de 1850. Très imaginatif, capable de beaucoup d'abstraction, Sylvester fait par contre preuve d'un certain manque d'ordre dans ses idées, et ses rédactions, peuplées de notes de bas de page, sont toujours mal finies. Terminons cette biographie en mentionnant que Sylvester fut le premier lauréat de la médaille d'or de la London Mathematical Society.