$$\newcommand{\mtn}{\mathbb{N}}\newcommand{\mtns}{\mathbb{N}^*}\newcommand{\mtz}{\mathbb{Z}}\newcommand{\mtr}{\mathbb{R}}\newcommand{\mtk}{\mathbb{K}}\newcommand{\mtq}{\mathbb{Q}}\newcommand{\mtc}{\mathbb{C}}\newcommand{\mch}{\mathcal{H}}\newcommand{\mcp}{\mathcal{P}}\newcommand{\mcb}{\mathcal{B}}\newcommand{\mcl}{\mathcal{L}} \newcommand{\mcm}{\mathcal{M}}\newcommand{\mcc}{\mathcal{C}} \newcommand{\mcmn}{\mathcal{M}}\newcommand{\mcmnr}{\mathcal{M}_n(\mtr)} \newcommand{\mcmnk}{\mathcal{M}_n(\mtk)}\newcommand{\mcsn}{\mathcal{S}_n} \newcommand{\mcs}{\mathcal{S}}\newcommand{\mcd}{\mathcal{D}} \newcommand{\mcsns}{\mathcal{S}_n^{++}}\newcommand{\glnk}{GL_n(\mtk)} \newcommand{\mnr}{\mathcal{M}_n(\mtr)}\DeclareMathOperator{\ch}{ch} \DeclareMathOperator{\sh}{sh}\DeclareMathOperator{\th}{th} \DeclareMathOperator{\vect}{vect}\DeclareMathOperator{\card}{card} \DeclareMathOperator{\comat}{comat}\DeclareMathOperator{\imv}{Im} \DeclareMathOperator{\rang}{rg}\DeclareMathOperator{\Fr}{Fr} \DeclareMathOperator{\diam}{diam}\DeclareMathOperator{\supp}{supp} \newcommand{\veps}{\varepsilon}\newcommand{\mcu}{\mathcal{U}} \newcommand{\mcun}{\mcu_n}\newcommand{\dis}{\displaystyle} \newcommand{\croouv}{[\![}\newcommand{\crofer}{]\!]} \newcommand{\rab}{\mathcal{R}(a,b)}\newcommand{\pss}[2]{\langle #1,#2\rangle} $$
Bibm@th

Résumé de cours : fonctions vectorielles, arcs paramétrés

On n'hésitera pas à réviser les chapitres de Maths Sup portant sur les fonctions dérivables et sur l'intégration sur un segment.

Dans la suite, $E,F,G$ désignent des espaces vectoriels normés de dimension finie, et $I$ un intervalle de $\mathbb R$ non réduit à un point.

Dérivabilité

On dit que la fonction $f:I\to E$ est dérivable en $a\in I$ si le taux d'accroissement $\displaystyle \frac{f(a+h)-f(a)}{h}$ admet une limite quand $h$ tend vers $0$. Dans ce cas, la limite est notée $f'(a)$ et s'appelle vecteur dérivé de $f$ en $a$.

Proposition : Une fonction $f:I\to E$ est dérivable en $a$ si et seulement s'il existe $\alpha\in E$ et une fonction $\veps$ définie dans un intervalle $J$ ouvert contenant $0$, vérifiant $\lim_{h\to 0}\veps(h)=0$ tels que $$\forall h\in J,\ f(a+h)=f(a)+h \alpha +h\veps(h).$$ On a alors $f'(a)=\alpha.$

En particulier, comme pour les fonctions à valeurs réelles, une fonction $f:I\to E$ dérivable en $a\in I$ est continue en $a$.

Interprétation cinématique : lorsque la fonction $f$ représente le mouvement d'un point matériel au cours du temps, le vecteur $f'(t_0)$ représente le vecteur vitesse instantanée du point à l'instant $t_0$.

Proposition : Soit $\mathcal B=(e_1,\dots,e_n)$ une base de $E$ et $f:I\to E$. La fonction $f$ est dérivable en $a$ si et seulement si toutes ses fonctions coordonnées dans la base $\mathcal B$ sont dérivables en $a$. Dans ce cas, si on note $f_i$ ces fonctions coordonnées, on a $$f'(a)=\sum_{i=1}^n f_i'(a)e_i.$$

On dit que la fonction $f:I\to\mathbb E$ est dérivable à droite en $a\in I$ si le taux d'accroissement $\displaystyle \frac{f(a+h)-f(a)}{h}$ admet une limite quand $h$ tend vers $0^+$. On définit de même la dérivabilité à gauche, et on sait que $f$ est dérivable en $a$ si et seulement si $f$ est dérivable à droite et à gauche en $a$.

On dit que $f$ est dérivable sur $I$ si $f$ est dérivable en tout point de $I$. $f'$ s'appelle alors la fonction dérivée de $f$.

Comme pour les fonctions à valeurs réelles, une fonction $f:I\to E$ est constante si et seulement si elle est dérivable sur $I$ et sa dérivée est identiquement nulle sur $I$.

Opérations sur les fonctions dérivables
Proposition (combinaison linéaire) : Soit $f,g:I\to E$ dérivables en $a\in I$. Pour tout $\lambda\in\mathbb K$, $\lambda f+g$ est dérivable en $a$ et $(\lambda f+g)'(a)=\lambda f'(a)+g'(a)$.
Proposition (composée par une application linéaire) : Soit $a\in I,$ $f:I\to E$ dérivable en $a$ et $L:E\to F$ linéaire. Alors $L\circ f$ est dérivable en $a$ et $(L\circ f)'(a)=L( f'(a))$.
Proposition (composée par une application bilinéaire) : Soit $f:I\to E$, $g:I\to F$ dérivables en $a\in I$ et $B:E\times F\to G$ bilinéaire. Alors $B(f,g):t\mapsto B\big(f(t),g(t)\big)$ est dérivable en $a$ et $\big(B(f,g)\big)'(a)=B(f'(a),g(a))+B(f(a),g'(a))$.

Exemple : le produit scalaire

En particulier, si $E$ est un espace vectoriel euclidien muni du produit scalaire $\langle \cdot,\cdot\rangle$, si $f,g:I\to E$ sont dérivables, alors la fonction $u:I\to \mathbb R,\ t\mapsto \langle f(t),g(t)\rangle$ est dérivable sur $I$ et $u'(t)=\langle f'(t),g(t)\rangle+\langle f(t),g'(t)\rangle$.

Proposition (composée par une application multilinéaire) : Soit $E_1,\dots,E_n,F$ des expaces vectoriels normées de dimension finie, $f_1,\dots,f_p$ des fonctions de $I$ dans $E_1,\dots,E_p$ respectivement, dérivables en $a\in I,$ $M:E_1\times\cdots\times E_p\to F$ multilinéaire. Alors $M(f_1,\dots,f_p)$ est dérivable en $a$ et $$M(f_1,\dots,f_p)'(a)=M(f_1',f_2,\dots,f_p)(a)+\cdots+M(f_1,\dots,f_{p-1},f_p')(a).$$

Exemple : le déterminant

Si $E$ est de dimension $p$, si $\mathcal B$ est une base de $E$ et si $f_1,\dots,f_p$ sont des fonctions dérivables définies sur $I$ à valeurs dans $E,$ alors $\det_{\mathcal B}(f_1,\dots,f_p)$ est dérivable sur $I$ et $$\big(\det_{\mathcal B}(f_1,\dots,f_p)\big)'=\det_{\mathcal B}(f_1',f_2,\dots,f_p)+\cdots+\det_{\mathcal B}(f_1,\dots,f_{p-1},f_p').$$

Proposition (composée :) Si $J$ est un intervalle de $\mathbb R$, $\varphi:J\to I$ est dérivable en $a\in J$ et $f:I\to\mathbb E$ est dérivable en $\varphi(a),$ alors $f\circ \varphi:J\to\mathbb R$ est dérivable en $a$ et $(f\circ \varphi)'(a)=\varphi'(a) \cdot f'(\varphi(a))$.
Dérivées successives

Soit $f:I\to\mathbb E$ une fonction dérivable. Sa dérivée $f'$ peut elle-même être dérivable. On appelle alors cette dérivée la dérivée seconde de $f$ et on la note $f''$. En itérant ce procédé, on peut définir la dérivée $n$-ième de $f$, notée $f^{(n)}$.

On dit que $f$ est de classe $\mathcal C^n$ sur $I$ si elle admet une dérivée d'ordre $n$ notée $f^{(n)}$ et si cette dérivée est elle-même continue sur $I$. On dit que $f$ est de classe $\mathcal C^\infty$ sur $I$ si elle admet des dérivées successives de tout ordre.

La plupart des résultats valables pour la dérivée d'ordre 1 reste valable pour les dérivées d'ordre $n$. Par exemple :

  • $f$ est de classe $\mathcal C^n$ si et seulement si toutes ses fonctions coordonnées dans une base sont de classe $\mathcal C^n$, et on a $f^{(n)}=\sum_{i=1}^p f_i^{(n)}e_i$ où $(e_1,\dots,e_p)$ est une base de $E$ et $f_i$ les fonctions coordonnées de $f$ dans cette base.
  • la combinaison linéaire de deux applications de classe $\mathcal C^n$ est de classe $\mathcal C^n$.
  • Si $f:I\to E$ est de classe $\mathcal C^n$ et $L:E\to F$ est linéaire, alors $L\circ f$ est de classe $\mathcal C^n$ et $(L\circ f)^{(n)}=L\circ f^{(n)}$.
  • Formule de Leibniz : soit $f:I\to E$ et $g:I\to F$ deux applications de classe $\mathcal C^n$ et soit $B:E\times F\to G$ une application bilinéaire. Alors $B(f,g)$ est de classe $\mathcal C^n$ et \begin{eqnarray*} \big(B(f,g)\big)^{(n)}&=&\sum_{k=0}^n \binom{n}{k}B\big(f^{(n-k)},g^{(k)}\big) \end{eqnarray*}
  • Composition : Si $J$ est un intervalle de $\mathbb R$, $\varphi:J\to I$ est de classe $\mathcal C^k$ avec $\varphi(J)\subset I$. Alors $f\circ \varphi:J\to\mathbb R$ est de classe $\mathcal C^k.$
Intégration des fonctions à valeurs vectorielles

Dans ce paragraphe, on fixe $a<b$ deux réels et une base $(e_1,\dots,e_n)$ de l'espace vectoriel $E$.

Une fonction $f:[a,b]\to E$ est continue par morceaux s'il existe une subdivision $\sigma=(a_0,\dots,a_n)$ de $[a,b]$ telle que, pour tout $i\in\{0,\dots,p-1\},$

  • la fonction $f$ est continue sur $]a_i,a_{i+1}[$;
  • la fonction $f_{|]a_i,a_{i+1}[}$ admet des limites (finies) en $a_i$ et $a_{i+1}$.

Cela revient à dire que, pour tout $i\in\{0,\dots,p-1\},$ on peut prolonger la fonction $f_{|]a_i,a_{i+1}[}$ en une fonction continue sur $[a_i,a_{i+1}]$. Remarquons qu'une fonction est continue par morceaux sur $[a,b]$ si et seulement si toutes ses applications coordonnées le sont.

Soit $f=(f_1,\dots,f_n):[a,b]\to E$ une application continue par morceaux. On appelle intégrale de $a$ à $b$ de $f$ le vecteur noté $\int_a^b f(t)dt$ et défini par $$\int_a^b f(t)dt=\sum_{j=1}^n \left(\int_a^b f_j(t)dt\right) e_j.$$ Ce vecteur ne dépend pas de la base $(e_1,\dots,e_n)$ de $E$ fixée au préalable.

L'intégration vectorielle vérifie les deux propriétés suivantes, bien connues de l'intégration scalaire :

  • linéarité de l'intégrale : pour toutes fonctions $f,g:[a,b]\to E$ continues par morceaux et pour tout $\lambda\in\mathbb R$, $$\int_a^b \big(\lambda f(t)+g(t)\big)dt=\lambda\int_a^b f(t)dt+\int_a^b g(t)dt.$$
  • relation de Chasles : pour toute fonction $f:[a,b]\to E$ continue par morceaux et pour tout $c\in[a,b]$, on a $$\int_a^b f(t)dt=\int_a^c f(t)dt+\int_c^b f(t)dt.$$
Proposition : Soit $f:[a,b]\to E$ continue par morceaux et $L:E\to F$ linéaire. Alors $L\circ f:[a,b]\to F$ est continue par morceaux et $$L\left(\int_a^b f(t)dt\right)=\int_a^b L\circ f(t)dt.$$
Proposition : Pour toute fonction $f:[a,b]\to E$ continue par morceaux, on a $$\left\|\int_a^b f(t)dt\right\|\leq \int_a^b \|f(t)\|dt.$$
Théorème : Soit $f:[a,b]\to E$ continue par morceaux. Alors $$\frac {b-a}n\sum_{k=0}^{n-1}f\left(a+k\frac{b-a}n\right)\to\int_a^b f(t)dt.$$
Primitives et intégrales

Soit $f:I\to E$ continue. Une application $g:I\to E$ est une primitive de $f$ si $g$ est dérivable sur $I$ et $g'=f$.

Théorème : Soit $f:[a,b]\to\mathbb E$ continue. Alors la fonction $F:[a,b]\to E$, $x\mapsto \int_a^x f(t)dt$ est dérivable, et pour tout $x\in\mathbb R$, on a $F'(x)=f(x)$. La fonction $F$ est l'unique primitive de $f$ qui s'annule en $a$.
Corollaire (formule du changement de variables) : Soit $f:I\to E$ une fonction continue et $\varphi:J\to\mathbb R$ une fonction de classe $\mathcal C^1$ telle que $\varphi(J)\subset I$. Alors pour tous $a,b\in J,$ on a $$\int_{\varphi(a)}^{\varphi(b)}f(t)dt=\int_a^b \varphi'(s)f(\varphi(s))ds.$$
Théorème (inégalité des accroissements finis) : Soit $f:[a,b]\to E$ continue et de classe $\mathcal C^1$ sur $]a,b[$. S'il existe $\lambda\in\mathbb R$ tel que, pour tout $t\in]a,b[$, $\|f'(t)\|\leq \lambda$, alors $$\|f(b)-f(a)\|\leq \lambda |b-a|.$$

Interprétation cinématique : Un mobile qui se déplace à une vitesse instantanée de norme inférieure ou égale à $v$ pendant un temps $T$ se trouve au maximum à une distance $vT$ de son point de départ.

Formules de Taylor
Formule de Taylor avec reste intégral : Soit $f:[a,b]\to\mathbb E$ une fonction de classe $\mathcal C^{n+1}.$ Alors $$f(b)=\sum_{k=0}^{n}\frac{(b-a)^k}{k!}f^{(k)}(a)+\int_a^b \frac{(b-t)^n}{n!}f^{(n+1)}(t)dt.$$
Inégalité de Taylor-Lagrange : Soit $f:[a,b]\to\mathbb E$ une fonction de classe $\mathcal C^{n+1}.$ Alors $$\left| f(b)-\sum_{k=0}^{n}\frac{(b-a)^k}{k!}f^{(k)}(a)\right|\leq M_{n+1}\frac{|b-a|^{n+1}}{(n+1)!}$$ avec $M_{n+1}=\sup_{t\in [a,b]}\|f^{(n+1)}(t)\|$.
Formule de Taylor-Young : Soit $I$ un intervalle de $\mathbb R$, $a\in I$ et $f:I\to E$ de classe $\mathcal C^n.$ Alors $f$ admet un développement limité à l'ordre $n$ en $a$ donné par $$f(a+h)=f(a)+f'(a) h+\dots+\frac{f^{(n)}(a)}{n!}h^n+h^n\veps(h)$$ où $\veps:I\to E$ vérifie $\lim_{h\to 0}\veps(h)=0_E$.
Dérivation et intégration des fonctions vectorielles