$$\newcommand{\mtn}{\mathbb{N}}\newcommand{\mtns}{\mathbb{N}^*}\newcommand{\mtz}{\mathbb{Z}}\newcommand{\mtr}{\mathbb{R}}\newcommand{\mtk}{\mathbb{K}}\newcommand{\mtq}{\mathbb{Q}}\newcommand{\mtc}{\mathbb{C}}\newcommand{\mch}{\mathcal{H}}\newcommand{\mcp}{\mathcal{P}}\newcommand{\mcb}{\mathcal{B}}\newcommand{\mcl}{\mathcal{L}} \newcommand{\mcm}{\mathcal{M}}\newcommand{\mcc}{\mathcal{C}} \newcommand{\mcmn}{\mathcal{M}}\newcommand{\mcmnr}{\mathcal{M}_n(\mtr)} \newcommand{\mcmnk}{\mathcal{M}_n(\mtk)}\newcommand{\mcsn}{\mathcal{S}_n} \newcommand{\mcs}{\mathcal{S}}\newcommand{\mcd}{\mathcal{D}} \newcommand{\mcsns}{\mathcal{S}_n^{++}}\newcommand{\glnk}{GL_n(\mtk)} \newcommand{\mnr}{\mathcal{M}_n(\mtr)}\DeclareMathOperator{\ch}{ch} \DeclareMathOperator{\sh}{sh}\DeclareMathOperator{\th}{th} \DeclareMathOperator{\vect}{vect}\DeclareMathOperator{\card}{card} \DeclareMathOperator{\comat}{comat}\DeclareMathOperator{\imv}{Im} \DeclareMathOperator{\rang}{rg}\DeclareMathOperator{\Fr}{Fr} \DeclareMathOperator{\diam}{diam}\DeclareMathOperator{\supp}{supp} \newcommand{\veps}{\varepsilon}\newcommand{\mcu}{\mathcal{U}} \newcommand{\mcun}{\mcu_n}\newcommand{\dis}{\displaystyle} \newcommand{\croouv}{[\![}\newcommand{\crofer}{]\!]} \newcommand{\rab}{\mathcal{R}(a,b)}\newcommand{\pss}[2]{\langle #1,#2\rangle} $$
Bibm@th

Résumé de cours : Polynômes d'endomorphismes

$E$ désigne un $\mathbb K$-espace vectoriel, $\mathbb K$ étant le corps $\mathbb R$ ou $\mathbb C$, et $u$ désigne un élément de $\mathcal L(E)$. On rappelle la notation suivante : $$u^n=u\circ u\circ\dots \circ u\textrm{ de sorte que }u^{p+q}=u^p\circ u^q.$$
Polynômes d'un endomorphisme

Soit $P\in\mathbb K[X]$ qu'on écrit $P(X)=a_dX^d+a_{d-1}X^{d-1}+\dots+a_1X+a_0$. On note $P(u)$ l'endomorphisme de $E$ défini par $$P(u)=a_d u^d+a_{d-1}u^{d-1}+\dots+a_1u+a_0Id_E.$$

Proposition : L'application $\phi$ de $\mathbb K[X]$ dans $\mathcal L(E)$ définie par $P\mapsto P(u)$ est un morphisme d'algèbres. Son image est une sous-algèbre commutative de $\mathcal L(E)$, notée $\mathbb K[u]$; c'est la plus petite algèbre de $\mathcal L(E)$ contenant $u$. Le noyau de $\phi$ s'appelle l'idéal annulateur de $u$.

En particulier, la proposition précédente implique que, pour tous $P,Q\in\mathbb K[X]$, on a $$(PQ)(u)=P(u)\circ Q(u).$$

Théorème : Si $E$ est de dimension finie, alors le noyau de $P\mapsto P(u)$ n'est pas réduit à $\{0\}$. Il existe un unique polynôme unitaire $\pi_u$ qui engendre ce noyau. On appelle ce polynôme le polynôme minimal de $u$.

Le polynôme minimal de $u$ est donc caractérisé par $\pi_u$ est unitaire, $\pi_u(u)=0$ et si $P\in\mathbb K[X]$ est tel que $P(u)=0$, alors $\pi_u|P$.

Dans la suite, on supposera désormais que $E$ est de dimension finie.

Proposition : Si $d$ est le degré du polynôme minimal de $u$, alors $\{\textrm{Id},u,\dots,u^{d-1}\}$ forme une base de $\mathbb K[u]$.
Proposition : Soit $P\in\mathbb K[X]$, $\lambda\in\textrm{Sp}(u)$ et $x\in E\backslash\{0\}$ tel que $u(x)=\lambda x$. Alors $$P(u)(x)=P(\lambda)x.$$ En particulier, si $P$ est un polynôme annulateur de $u$, alors $P(\lambda)=0$.
Corollaire : Les valeurs propres de $u$ sont exactement les racines du polynôme minimal de $u.$
Théorème de Cayley-Hamilton : Le polynôme caractéristique $\chi_u$ est un polynôme annulateur de $u$.

On définit les mêmes notions pour une matrice $A\in\mathcal M_n(\mathbb K)$. Toutes les propriétés analogues sont vérifiées.

Lemme de décomposition des noyaux
Théorème : Soient $P_1,\dots,P_r\in\mathbb K[X]$ des polynômes premiers entre eux deux à deux et notons $P=P_1\cdots P_r$. Alors $$\ker(P(u))=\bigoplus_{i=1}^r \ker(P_i(u)).$$
Polynôme annulateur et réduction

$E$ est de dimension finie $n$. L'existence d'un polynôme annulateur pour $u$ possédant certaines propriétés donne des informations sur sa diagonalisabilité.

Théorème : Les assertions suivantes sont équivalentes :
  • $u$ est diagonalisable.
  • $u$ admet un polynôme annulateur scindé à racines simples.
  • le polynôme minimal de $u$ est scindé à racines simples.

Ce résultat est important pour démontrer que la restriction d'un endomorphisme diagonalisable à un sous-espace stable est elle-même diagonalisable. En effet :

Proposition : Soit $F$ un sous-espace stable par $u$ et notons $u_F$ l'endomorphisme induit par $u$ sur $F$. Alors son polynôme minimal divise le polynôme minimal de $u$.
Corollaire : Si $F$ est un sous-espace stable par $u$ et si $u$ est diagonalisable, alors l'endomorphisme induit $u_F$ par $u$ sur $F$ est lui-même diagonalisable.

Concernant la trigonalisabilité, on a le résultat suivant :

Théorème : Les assertions suivantes sont équivalentes :
  • $u$ est trigonalisable.
  • $u$ admet un polynôme annulateur scindé.
  • le polynôme minimal de $u$ est scindé.
  • le polynôme caractéristique de $u$ est scindé.
Sous-espaces caractéristiques

$E$ est de dimension finie $n$. Soit $\lambda$ une valeur propre de $u$ de multiplicité $m(\lambda)$ On appelle sous-espace caractéristique associé à $\lambda$ le sous-espace $$C_\lambda=\ker( (u-\lambda \textrm{Id}_e)^{m(\lambda)}).$$

Du théorème de Cayley-Hamilton et du lemme des noyaux, on déduit le résultat suivant :

Théorème : On suppose que le polynôme caractéristique de $u$ est scindé. Alors $$E=\bigoplus_{\lambda\in\textrm{Sp}(u)} C_\lambda.$$

En étudiant $u$ sur chaque sous-espace caractéristique $C_\lambda$, on obtient finalement :

Corollaire : On suppose que le polynôme caractéristique de $u$ est scindé. Alors il existe une base de $u$ dans laquelle la matrice de $u$ est diagonale par blocs, chaque bloc étant triangulaire supérieur à coefficients diagonaux égaux.
Endomorphismes nilpotents, matrices nilpotentes

L'espace vectoriel $E$ est de dimension finie $n$.

On dit que $u\in\mathcal L(E)$ est nilpotent s'il existe un entier naturel $p$ tel que $u^p=0$. Le plus petit entier naturel $p$ qui convient s'appelle l'indice de nilpotence de $u$.

Théorème : Soit $u\in\mathcal L(E).$ Les assertions suivantes sont équivalentes :
  • $u$ est nilpotent;
  • $\chi_u(X)=X^n$;
  • il existe une base de $E$ dans laquelle la matrice de $u$ est triangulaire supérieure avec des zéros sur la diagonale.
Corollaire : L'indice de nilpotence de $u$ est majoré par $n$.

On dit que $A\in\mathcal M_n(\mathbb K)$ est nilpotente s'il existe $p\in\mathbb N$ tel que $A^p=0$. Le plus entier naturel $p$ qui convient s'appelle l'indice de nilpotence de $A.$

Corollaire : Une matrice $A\in\mathcal M_n(\mathbb K)$ est nilpotente si et seulement si $A$ est semblable à une matrice triangulaire supérieure avec des zéros sur la diagonale.

En particulier, comme pour les endomorphismes nilpotents, l'indice de nilpotence de $A\in\mathcal M_n(\mathbb K)$ est inférieur ou égal à $n.$