Gottfried Leibniz (1 juillet 1646 [Leipzig] - 14 novembre 1716 [Hanovre])
Gottfried Leibniz est plus qu'un grand scientifique. Tout à tour philosophe, juriste, historien, diplomate, c'est un grand homme universel de son temps, pacifiste, rêvant de réunifier les églises catholique et protestantes, et de rapprocher les peuples d'Europe.
Il est né le 1er juillet 1646 à Leipzig, et il grandit dans une Allemagne qui peine à panser ses plaies de la Guerre de 30 ans (1618-1648). Très vite, il montre des aptitudes exceptionnelles à l'apprentissage, d'ailleurs en grande partie autodidacte : à 15 ans, il connait la littérature grecque et latine, et a lu Descartes. Il entre à l'université de Leipzig où il étudie la philosophie, les mathématiques (assez pauvrement enseignés), le droit. En 1666, le titre de docteur lui est refusé, probablement en raison de son trop jeune âge. Leibniz quitte alors l'université de Leipzig pour celle d'Altdorf, où il devient docteur en 1667. Il ne cherche pas à trouver un poste universitaire, et préfère entrer au service du baron von Boyneburg, à Francfort.
Le baron l'initie alors à la pratique politique : il est notamment son assistant, son avocat, et son conseiller, tout en devenant un véritable ami de la famille. En 1670, il devient conseiller à la Cour suprême de l'électorat de Mayence, où il est chargé d'améliorer le code civil. En 1672, Leibniz est envoyé en mission diplomatique auprès de Louis XIV : son but est de le convaincre de conquérir l'Egypte, afin de l'empêcher d'attaquer l'Allemagne.
Mais le but du voyage de Leibniz à Paris est aussi personnel et scientifique : il souhaite rencontrer et échanger avec les plus grands savants d'Europe. Il a notamment mis au point une machine à calculer qui constitue un perfectionnement de celle du savant français Pascal et qu'il désire dévoiler et améliorer. Suivant les conseils de Huyghens, puis de Oldenburg, alors secrétaire de la Royal Society de Londres, il complète sa culture mathématique par de nombreuses lectures.
C'est à Paris que Leibniz met au point sa découverte mathématique fondamentale, l'invention du calcul différentiel et intégral. Leibniz montre notamment que l'intégration et la dérivation sont des opérations inverses l'une de l'autre, invente la notation $\int f(x)dx$, trouve les formules de dérivation d'un produit, d'un quotient, d'une puissance.
On ne peut passer ici sous silence la violente querelle qui opposa Newton et Leibniz. Newton était parvenu, quelques années auparavant, aux mêmes conclusions que Leibniz. Il accusera son homologue allemand de plagiat, intentera plusieurs actions auprès de la Royal Society de Londres, qui rendra toujours un avis unilatéral en faveur de Newton. S'il est vrai que Newton a réalisé ses découvertes quelque temps avant Leibniz, mais que ce dernier a publié ses résultats en premier, il semble bien que les deux mathématiciens aient fait leurs recherches indépendamment l'un de l'autre. L'Histoire a retenu les deux noms comme inventeurs du calcul infinitésimal, et ce sont plutôt les notations symboliques de Leibniz qui se sont imposées.
En 1676, après la mort de son protecteur le baron von Boyneburg, et l'échec de sa tentative d'entrée à l'Académie des sciences de Paris, Leibniz rentre en Allemagne, à Hanovre, où il devient bibliothécaire du duc de Brünswick. C'est alors qu'il écrit la plupart de ses ouvrages philosophiques (Leibniz laissera au total 200 000 pages manuscrites). Il commence la généalogie de la maison de Brünswick, et a en projet une encyclopédie : il veut rassembler et vulgariser la culture scientifique. Ce projet ne se concrétisera toutefois jamais.
En 1699, il entre à l'Académie des sciences de Paris, puis il travaille à fonder des sociétés savantes en Allemagne : en 1700 voit le jour la Société des Sciences de Brandebourg, qui deviendra plus tard l'Académie de Berlin.
La fin de la vie de Leibniz est assez triste. Une grande partie de son énergie est absorbée par sa querelle de priorité avec Newton. Il décède le 14 novembre 1716, dans la solitude. Signalons cet hommage plein d'esprit de Fontenelle : "Si M. Leibniz n'est pas, de son côté, aussi bien que M. Newton, l'inventeur du système des infiniment petits, il s'en faut infiniment peu".