Cryptographie!

Le chiffre du Che

  Lorsqu' Ernesto Guevara, dit le Che, fut retrouvé mort par l'armée bolivienne en 1967, après avoir tenté de développer des foyers révolutionnaires en Amérique latine et participer à la guérilla bolivienne, on découvrit sur lui des papiers expliquant comment il chiffrait ses messages qu'il communiquait à Fidel Castro. Il commençait par remplacer les lettres par un nombre à deux chiffres compris entre 01 et 99.


  En soit, cela ne constitue qu'une simple substitution dont on sait qu'elle n'apporte aucune sécurité. Mais le Che et Fidel Castro avaient aussi recours à une forme du chiffre de Vernam (aussi employé pour le téléphone rouge entre Washington et Moscou), et que l'on sait parfaitement sûr. Che Guevara écrivait sous le message chiffré (transformé en nombres de la façon précédente) une suite de chiffres, aussi longue que le message à envoyer, et connue uniquement de lui-même et de Cuba. Il séparait ensuite les deux lignes de chiffres par groupes de 5, chaque groupe comportait deux couples de 5 chiffres correspondant au texte à envoyer et à la clé. Pour chacun de ces groupes, il effectuait les opérations suivantes :
  • il scindait, à la fois pour la ligne du texte à envoyer et pour la ligne de la clé, le groupe de 5 chiffres en deux nombres de deux chiffres (avec respectivement le premier et le deuxième chiffre, et le troisième et le quatrième chiffre), et un nombre de 1 chiffre (le dernier).
  • il additionnait le premier nombre (de deux chiffres) du texte à envoyer et de la clé; si le reste dépassait 100, il ne gardait que les deux derniers chiffres;
  • il effectuait la même opération pour les deuxièmes nombres du texte à envoyer et de la clé;
  • il additionnait le dernier chiffre du texte à envoyer et le dernier chiffre de la clé; si le reste dépassait 10, il ne gardait que le dernier chiffre.
On obtient ainsi, pour chaque groupe de 5 chiffres du message à envoyer et de la clé, un groupe de 5 chiffres correspondant au message chiffré.


  Si la clef est parfaitement aléatoire, employée une seule fois, et de longueur aussi longue que le message à envoyer, le chiffre utilisé par le Che est prouvé parfaitement sûr : personne ne peut décrypter sans la clef. Ceci explique la popularité du chiffre de Vernam dans les milieux diplomatiques. Le problème essentiel est le transport des clés, qui doivent être très longues. On préfère désormais bien souvent utiliser un autre algorithme, avec une clé plus courte, mais qui dans la pratique offre le même niveau de sécurité!