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René Thom (2 septembre 1923 [Montbéliard] - 25 octobre 2002 [Bures-sur-Yvette])

René Thom est un des rares mathématiciens dont le nom a dépassé le cercle restreint de ses confrères. Mais il doit sa (relative) popularité non aux travaux qui lui ont valu la médaille Fields, la plus hate distinction des mathématiques, mais au fait d'avoir développé la théorie des catastrophes, base mathématique du chaos.

René Thom est né le 2 septembre 1923 à Montbéliard (dans le Doubs). Très jeune, il se révèle très brillant à l'école, mais sa scolarité est interrompue par la Seconde Guerre Mondiale. Pendant l'invasion allemande, il se réfugie en Suisse, avant, à la fin des combats, de se retrouver à Lyon puis à Paris pour préparer le concours d'entrée à l'Ecole Normale Supérieure. Après un échec en 1942, il le réussit en 1943.

C'est la guerre en France, mais les mathématiques sont en plein renouveau. L'esprit bourbakiste souffle, et René Thom rencontre celui qui deviendra son maître, Henri Cartan. Il le suit à Strasbourg en 1946 pour préparer sa thèse qu'il soutient en 1951. Son intérêt se porte alors sur la topologie différentielle, la discipline qui étudie la géométrie des objets mathématiques. Il y invente de nouveaux outils, notamment le cobordisme. Il reçoit pour ces travaux la médaille Fields en 1958; modeste, Thom dira toujours qu'il ne la méritait pas!

Après sa soutenance de thèse, René Thom enseigne deux ans aux Etats-Unis, puis à Grenoble et à Strasbourg, avant de rejoindre en 1965 l'Institut des Hautes Etudes Scientifiques (IHES) où il fut professeur permanent jusqu'en 1988. Les années 1960 marquent un tournant dans sa carrière. Le monde des mathématiques parisiennes s'intéresse alors quasi-exclusivement au séminaire d'Alexander Grothendieck, et René Thom se sent délaissé. Ceci l'incite à aborder des notions plus générales, et à développer la théorie des catastrophes.

Selon René Thom, "la théorie des catastrophes consiste à dire qu'un phénomène discontinu peut émerger en quelque sorte spontanément à partir d'un milieu continu". Dans son ouvrage fondateur, Stabilité structurelle et morphogénèse, Thom propose d'établir une méthodologie pour prévoir les catastrophes naturelles, les krachs boursiers, ou même les mouvements sociaux. Scientifiques, philosophes et artistes se pencheront beaucoup sur cette théorie. Salvator Dali sera si séduit qu'en 1983 il consacrera une toile en hommage au mathématicien.

De l'aveu même de Thom, la théorie des catastrophes est morte, car elle n'a pas su élaborer de prévisions suffisamment quantitatives. Son principal succès reste toutefois l'émergence de nouvelles idées, qui ont beaucoup influencé les physiciens dans l'élaboration de la théorie du chaos.

Membre depuis 1976 de l'Académie des Sciences, René Thom étudie aussi la philosophie aristotélicienne, et milite pour la défense des sciences théoriques face aux sciences expérimentales. Il décède le 25 octobre 2002, des suites d'une longue maladie.

Les entrées du Dicomaths correspondant à Thom

Les mathématiciens contemporains de Thom (né en 1923)
  • Vladimir Arnold (né en 1937)
  • Maurice Audin (né en 1932)
  • Arne Beurling (né en 1905)
  • Nicolas Bourbaki (né en 1935)
  • Henri Cartan (né en 1904)
  • Gustave Choquet (né en 1915)
  • Yvonne Choquet-Bruhat (née en 1923)
  • Jean Dieudonné (né en 1906)
  • Wolfgang Döblin (né en 1915)
  • Joseph Doob (né en 1910)
  • Adrien Douady (né en 1935)
  • Paul Erdös (né en 1913)
  • Israel Gelfand (né en 1913)
  • Kurt Gödel (né en 1906)
  • Alexandre Grothendieck (né en 1928)
  • Jacques Herbrand (né en 1908)
  • Lars Hörmander (né en 1931)
  • Kiyoshi Ito (né en 1915)
  • Jean-Pierre Kahane (né en 1926)
  • Benoit Mandelbrot (né en 1924)
  • Yves Meyer (né en 1939)
  • John Forbes Nash (né en 1928)
  • Raymond Paley (né en 1907)
  • Laurent Schwartz (né en 1915)
  • Claude Shannon (né en 1916)
  • Sergei Sobolev (né en 1908)
  • Alan Turing (né en 1912)
  • Karen Uhlenbeck (née en 1942)
  • André Weil (né en 1906)